Fin du blog

23 novembre 2008

Ce blog aura connu des débuts tâtonnants, une montée sympathique et un essoufflement incontestable. Il est temps d’en finir.

Le premier article d’un autre blog contenait cette phrase : « L’objectif secondaire de ce blog est plus personnel. Je suis curieux de découvrir la vie d’un blog de l’intérieur. Comment il naît, comment il vit, comment il meurt.« 

Je peux désormais témoigner. Rétrospective.

La naissance

Au début, il y a une idée : parler des détails qui m’obsèdent. Mais il y a aussi une intuition : c’est  une obsession difficile à partager.

Jusqu’au jour où je parle d’un de ces détails à Catharsis, et lui confie l’idée de faire un blog uniquement axé sur des détails. Il est emballé, et son emballement me pousse à lancer ce blog avec lui.

Je ne suis pas seul dans cette aventure, et ça me rassure.

La vie

Après quelques essais laborieux de mon côté, Catharsis publie son premier article, qui me ravit. C’est exactement l’idée que je me faisais d’un article sur ce blog. Génial, d’autant que les coups suivants sont dans la même veine. Rapidement, il confesse toutefois qu' »il y a une limite à ce blog : celle de nous forcer à surligner des choses qui, au fond, appartiennent au domaine du ressenti pur. Et leur faire perdre leur magie. » Touché.

Pour ma part, un déclic s’opère avec le récit d’un concert. Avant ce blog, j’avais arrêté d’écrire régulièrement, parce que c’était devenu laborieux ; c’est donc un plaisir de retrouver… le plaisir d’écrire. En regardant en arrière, je me rends compte que le ver est déjà dans le fruit : le détail évoqué n’est qu’un prétexte à raconter autre chose.

Rapidement, les idées fusent, et j’ai du mal à toutes les mettre en mots. Phénomène marrant, c’est parfois en décrivant le détail que j’y découvre/insère du sens – exemple flagrant avec l’article sur Shawn Kemp. Arrive une petite déception : mon interrogation sur une phrase de Mohammed Ali ne trouve pas de réponse. Le blog est lu, reçoit quelques commentaires, mais il ne déchaîne pas les foules. Marrant de découvrir comment ça joue sur la motivation…

Les mois de janvier et février s’enchaînent sans sursaut. Les articles continuent de respecter la ligne définie au départ, et cette contrainte limite plus qu’elle ne libère la plume. Le rythme ralentit.

Puis c’est l’explosion, déclenchée par Yacine_. Au-delà de la qualité son article et des réactions qu’il suscite, c’est une petite fierté pour moi que de le convaincre de publier quelque chose, après l’avoir longtemps sollicité pour un autre site.

Difficile de citer tous les articles marquants, mais on note, en vrac :

La meilleure illustration de cette dérive est probablement mon explication sur le jeu de la sardine. Si c’est l’article dont je suis le plus satisfait, je dois admettre aujourd’hui qu’il sort complètement de la ligne directrice du blog.

Lorsque j’essaye de me recentrer sur ce qui m’a donné envie de créer ce blog, en parlant de deux microdétails musicaux, c’est un échec. Ce que j’écris n’est pas à la hauteur de ce que j’entends. La subjectivité a ses limites, notamment lorsqu’il s’agit de la partager.

Le mois d’avril est aussi fourni que le précédent. Et si j’y contribue fortement, notamment en piochant dans mon thème favori, cette période est surtout caractérisée par de nombreuses apparitions d’invités.  Patience injustifiée, radio-nostalgie, obsession alimentaire, ponctualité paranoïaque, smiley touchant, bribe de séduction : la variété des sujets aura été un joli vent de fraîcheur.

Pourtant, le blog subit un net ralentissement juste après. Pourquoi ? Je ne sais pas. L’inspiration est toujours là, mais la forme n’est peut-être pas la bonne… Du coup, les dernières tentatives s’espacent, et sentent la défaite, ou le découragement.

La mort

Chers lecteurs, je vous remercie de l’attention que vous avez porté à tous ces articles. L’expérience a été enrichissante à bien des niveaux.

Soufflons ensemble cette première bougie d’anniversaire, et laissons ce blog en paix, dans le noir.


Mémoire à très court terme

27 avril 2008

Comme ne le dit pas le proverbe : « On voit le poisson rouge qui sommeille dans la mémoire du voisin, mais pas le piranha qui dévore tout dans le sien« .

L’autre jour, je me moquais gentiment des problèmes de mémoire de mon ancien patron. Mais j’aurais dû commencer par m’occuper des miens.

J’ai beau avoir une excellente mémoire pour certaines choses, je découvre depuis quelques temps que j’ai la pire mémoire à très court terme qui puisse exister. Ma grand-mère ayant été atteinte de la maladie d’Alzheimer, je sais à quoi ressemblent les symptômes d’une perte de mémoire à court terme. Je me souviens par exemple de l’époque où, malins comme des gredins, mes cousins en profitaient : lorsqu’ils avaient fait une bêtise et que notre grand-mère les cherchait pour les punir, ils partaient dans le jardin, couraient autour de la maison, et revenaient vers elle, qui avait déjà oublié après qui elle était en colère.

Ce n’est donc pas ce genre de mémoire-là qui me fait défaut. C’est bien plus ridicule que ça.

Exemple 1 : Un ami doit venir chez moi. Il m’appelle pour avoir l’adresse. Comme je suis prévoyant, j’ai un SMS pré-enregistré avec toutes mes coordonnées ; je propose de lui envoyer. Je raccroche. J’oublie d’envoyer le SMS. Heureusement, l’ami finit par rappeler, en se moquant gentiment de moi, et, la plupart du temps (!), je n’oublie pas deux fois de suite.

Exemple 2 : En ce moment, je cherche à changer de boulot. [Aparté : Ce n’est pas une mise en situation. Je cherche vraiment du boulot. Si vous avez des infos sur un poste de chef de projet web, dans une agence ou une entreprise implantée sur internet, faites-moi signe.] Lorsqu’il m’arrive de tomber sur des annonces depuis mon poste de travail actuel, je les envoie depuis mon adresse email professionnelle vers mon adresse personnelle. À chaque fois, je vais vérifier que le message est bien arrivé dans ma boîte personnelle. Je me connecte, j’arrive sur ma boite de réception, je vois que j’ai un nouveau message, et, tout joyeux, je me dis, à chaque fois : « Tiens, j’ai un nouveau message ». Puis je découvre que c’est le message que je viens de m’envoyer, trois secondes auparavant.

Rassurez-moi : ça arrive à d’autres personnes ce genre de trucs ?

Écrit par Rémi


Compenser sa mauvaise mémoire

3 avril 2008

Lorsque je travaillais dans une agence de communication, mon directeur avait une particularité : il n’avait pas de mémoire. Je ne saurais pas déterminer si c’était par manque d’attention, par flemmardise ou par un mélange de deux, mais cette absence de mémoire était poussée à l’extrême. En plus d’oublier ses rendez-vous, les délais de rendu et tout contrainte technique, il ne reconnaissait personne. En se rendant à une énième réunion chez une cliente, il était capable de croiser une femme quelconque dans l’ascenseur, de la confondre avec ladite cliente, et de commencer à lui parler du projet en cours.

Malgré ce défaut un peu embarrassant, il était doué pour séduire les gens, les faire rire et leur faire signer des contrats. Je ne comprenais pas comment c’était possible, jusqu’à ce que je l’accompagne sur un salon. Il m’a alors confié son secret. Quand il rencontrait une personne qui pouvait lui être utile, il s’échinait à retenir un détail que cette personne lui confiait ; le métier de son épouse, une anecdote de voyages, la date du mariage de son fils, une caractéristique de son produit, etc.

Je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il choisissait toujours de mémoriser un détail a priori insignifiant. Les quelques fois où je l’ai vu ressortir ces détails, l’effet a été stupéfiant. Extrêmement flattées que mon directeur se souvienne d’un tel détail, les personnes concernées transposaient cette émotion positive vers celui qui en était à l’origine, et lui faisaient dès lors une confiance absolue.

Je crois que j’ignore beaucoup de choses sur la psychologie humaine.

[…]

À propos des difficultés à reconnaître les gens, je vous conseille de lire cet article du Figaro, dans lequel Bernard Pivot exprime son seul regret : sa mémoire défaillante.

Extrait : « Depuis une quinzaine d’années, je préviens les personnes que je rencontre que je ne les reconnaîtrai pas quand je les reverrai. Cela m’a donné mauvaise réputation. On croit que c’est du dédain, de l’orgueil. « 

Écrit par Rémi


Previously on “24”

1 avril 2008

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Lorsque les séries télévisées américaines ont commencé à se rapprocher de ce qui se faisait au cinéma, je n’ai pas tout de suite vu à quoi ça ressemblait. Je n’avais pas la télévision chez moi, et je ne téléchargeais rien en ligne. Jusqu’à ce qu’un soir, je passe dans mon loueur de films habituels et découvre que plusieurs séries sont disponibles. Au hasard, je choisis le premier DVD de « 24 heures chrono ».

Je suis conquis d’emblée. En moins de 3 jours, je dévore l’intégralité de la saison. Un élément contribue à rendre la série particulièrement captivante : les personnages ont un passé extrêmement naturel. Ni flash-backs imagés, ni dialogues évocateurs, on n’assiste à aucune scène ayant l’ignorance du spectateur pour raison d’être. On comprend certains évènements, on devine quelques blessures, mais l’absence d’explication directe permet de croire tout de suite aux relations qui lient les personnages

Rapidement, j’ai voulu découvrir la suite de « 24 heures chrono ». J’ai alors découvert un détail – de taille. Je venais de voir la saison 2, et non la saison 1.

Écrit par Rémi


Les poissons rouges dans « Total recall »

31 mars 2008

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Réalisé par Paul Verhoeven, le film « Total recall » creuse les thèmes de perte d’identité et de fabrication de souvenirs.

Au trois-quarts du film, Vilos Cohaagen, l’impitoyable administrateur de Mars, brise son aquarium. Les poissons finissent sur le sol, agonisant au milieu des débris de verre. Au delà de la symbolique de cette scène, dont on verra l’écho quelques minutes plus tard avec des humains à la place des poissons, est-ce une coïncidence qu’ils s’agissent de poissons rouges ?

Dans la culture française, on assimile le poisson rouge à la mémoire courte. Est-ce ausi le cas dans la culture anglo-saxone – voire néerlandaise, Verhoeven étant originaire des Pays-Bas ?

Ecrit par Rémi


Les portes de Racoon City

7 mars 2008

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J’ai toujours détesté me lever tôt. Pourtant, plus jeune, il est arrivé que je programme mon réveil une heure avant l’horaire habituel. C’était en 1998, j’étais collégien, et le jeu vidéo « Resident Evil 2 » venait de sortir. C’est dire s’il était passionnant.

Pour ceux qui ne le savent pas, la saga « Resident Evil » a traumatisé une génération de joueurs de PlayStation. Il reste aujourd’hui encore l’exemple parfait du survival horror, ce genre vidéoludique dans lequel l’objectif est simple : sauver sa peau dans un environnement hostile.

Dans « RE 2 », l’environnement hostile consiste en une armée de zombies et d’autres bestioles mutantes infectées par un virus. Je vous passe les détails du scénario. Rappelons seulement l’un des grands principes de ce survival horror : tuer zombies >> ouvrir porte >> si porte fermée, résoudre énigme et trouver clé pour ouvrir porte et pouvoir tuer nouveaux zombies.

Comme dans tout jeu video, il faut subir, entre chaque séquence de jeu, des temps de « loading », pendant lesquels les décors et autres éléments du jeu se chargent. Dans « RE 2 », ces temps de latence interviennent entre chaque changement de pièce. Les programmateurs du jeu ont eu la bonne idée d’illustrer ces temps par un plan de la porte que l’on vient d’ouvrir : on entend les pas du personnage, puis la porte s’ouvre, sur un fond noir. Et l’on revient alors au jeu.

Ce détail m’a beaucoup marqué parce que pendant ce plan, il arrivait que des éléments sonores se mêlent à l’image. Le son du vent et des couinements si la porte donnait sur l’extérieur d’un bâtiment. Une musique d’accompagnement parfois : selon la tonalité de cette musique, on pouvait deviner si l’on arrivait dans un endroit hospitalier ou qui nécessiterait quelques coups de fusil à pompe en guise de crémaillère. Il me semble même – mais il y a bien longtemps que je n’ai pas rejoué à la saga « Resident Evil » – que l’on entendait parfois le bruissement fourbe de zombies rampants ou la course de dobermans décidés à vous bouffer. Mais je n’en suis même plus certain ; il se peut que j’aie été trop pris par le jeu et que mon cerveau malade ait inventé cela.

Il fallait donc rester constamment sur ses gardes, même pendant les temps de chargement. L’immersion totale. Et des souvenirs inoubliables pour tout « gamer ». Aujourd’hui encore il m’arrive de repenser à tout cela au moment d’ouvrir une porte. A part ça, je vais bien.

Ecrit par Julien


Vite, venez voir la crue

6 mars 2008

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J’ai un souvenir de vacances que je rattache à ce blog sans trop savoir pourquoi.

J’étais en vacances avec ma famille, mes parents avaient loué une petite maison perdue au milieu de nulle part. Ma mère était entrain de finir de préparer à manger. La table était peut-être déjà mise.

Soudainement, mon père débarque dans la maison et nous dit : « Vite, venez voir la crue. Ils ont ouvert les barrages, la rivière est super violente, il faut que vous voyez ça ! » Ma mère : « Ça ne peut pas attendre qu’on ait mangé ? ». Mon père : « Non, ça ne va pas durer très longtemps. On fait juste l’aller-retour quelques minutes. » Ma mère : « D’accord, je laisse le plat dans le four, on sera revenus à temps ». Et nous sommes partis.

Et juste en claquant la porte, une pensée m’a traversé l’esprit…

Imaginons que nous ayons une accident de voiture et que nous mourrions tous. Les policiers chargés de l’enquête vont être face à une situation des plus étranges : sans raison apparente, une famille s’enfuit de son lieu de vacances à la hâte, au point de laisser un plat dans un four allumé.

Sur le coup, j’ai crois que j’ai raconté à ma famille cette hypothèse, en insistant sur ce détail, sur cette histoire de four. Je crois aussi me souvenir qu’on m’a répondu que je faisais attention à des détails à la con.

Ecrit par Rémi


Léa : l’énigme de Louise Attaque résolue ?

5 mars 2008

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J’ai toujours beaucoup aimé le prénom Léa. J’aimerais beaucoup que la fille que j’aurais un jour porte ce prénom – j’ai envie de croire que cette idée remonte à plus loin que ma découverte de la chanson du même nom de Louise Attaque, mais j’ai un doute.

[…]

La première fois que j’ai entendu parler de Louise Attaque, c’est par mon frère. Bien avant que la déferlante ‘J’t’emmène au vent’ n’emporte la France, il m’a fait écouter ‘Léa’.

Léa
Elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste,
Elle est pas intégriste, elle est pas seule sur terre,
Elle est pas commode, non elle est pas comme Aude,
Elle est pas froide, elle est pas chaude pour une nuit,
Réaliste,
Elle est pas créditeur, elle est pas méchante,
Mais putain qu’est-ce qu’elle est chiante.

Léa
Elle est pas intérimaire, elle est pas comme ma mère,
Elle est passagère, elle est pacifiste,
Elle est pas d’accord, elle est passionnée,
Elle est pas fut’-fut’, oh elle est pathétique,
Elle aime pas tous mes tics, elle est pas solitaire,
Elle est pas solidaire, elle est paresseuse,
Elle est pas réciproque, elle est pas en cloque,
Elle est pas d’la région PACA, elle a qu’à s’envoler.

Léa,
Elle est parisienne, elle est pas présentable,
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus,
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite,
Elle est pas maladroite.

Léa
Elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste,
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus,
Elle est pas toujours drôle, elle est pas libre,
Elle est pas tentée, elle est paternaliste,
Elle est pas inspirée, elle est patiente,
Elle est pasticheuse, elle est pas cible,
Elle fait pas la politique.

Léa,
Elle est parisienne, elle est pas présentable,
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus,
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite,
Elle est pas maladroite.

Elle a pas volé les passing-shots, elle est passe-temps,
Elle est passable, elle est pas stable,
Elle est pas partout, elle dit qu’elle partira,
Oh elle est même pas venue,
Elle est partisane, elle est pas pas pas sortable,
Et ça j’vous l’ai pas pas déjà dit,
Qu’elle est parisienne – quelle parisienne –
Elle est pas terroriste, elle est pas terroriste.

Léa,
Elle est parisienne, elle est pas présentable,
Elle est pas jolie, elle est pas moche non plus,
Elle est pas à gauche, elle est pas à droite,
Elle est pas maladroite.

Je suis immédiatement tombé sous le charme de Louise Attaque, au point d’être, aujourd’hui encore, intrigué par des détails qui n’intéressent personne – sauf les lecteurs de ce blog, qui sont prévenus.

Et donc au départ, il y a ‘Léa’. Bon. Mais Léa, c’est qui ? Je me disais vaguement que c’était une fille que Gaëtan Roussel, auteur-interprète de Louise Attaque, avait croisé dans sa vie. Mais je ne m’étais jamais vraiment posé la question.

Hier, j’ai découvert que des personnes se posaient la question… et qu’une d’entre elles avait trouvé une réponse. Une réponse un peu simple, un peu bête et un peu absurde. Une réponse trop séduisante pour être vraie.

Léa, ce serait Louise Attaque – enfin, ses initiales.

Louise Attaque.

L et A.

Léa.

[…]

Si vous avez la preuve que cette hypothèse n’a aucun sens, merci de ne pas m’en faire part.

Ecrit par Rémi


Jeux de couleurs

1 janvier 2008

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[C’est fou comme j’ai du mal à empêcher le concept de ce blog de glisser vers un retour aux souvenirs d’enfance proche de la psychanalyse.]

Ce blog ne sort pas de nulle part : un souvenir d’enfance me le prouve.

J’ai grandi dans une famille où l’on jouait tout le temps. Je jouais avec mes parents, avec mes frères et soeur, avec mes cousins, avec mes amis… Et j’ai hérité de cette importance une passion pour le jeu et une réputation de joueur prêt à tout pour gagner. Cette réputation n’est pas usurpée, et c’est aujourd’hui que je réalise à quel point je faisais particulièrement attention à tous les facteurs périphériques au jeu lui-même. Un exemple illustre bien mon état d’esprit.

Car il y a un détail auquel j’accordais systématiquement de l’importance, alors que personne d’autre ne s’y intéressait : la couleur de mon pion. Selon la couleur du plateau, la taille des pions, le besoin de me faire remarquer ou au contraire de me faire oublier, la couleur préférée de chacun, j’essayais toujours de choisir LE pion qui optimisait le plus mes chances de gagner.

Bien sûr, j’employais d’autres astuces pour l’emporter, notamment en prononçant les bonnes paroles au bon moment (je me souviens de parties de Risk où l’on m’avait d’ailleurs interdit de parler), mais je trouve que le choix de la couleur de mes pions est particulièrement significatif, car il est beaucoup plus discret et anodin.

Je crois que le pire dans l’histoire, c’est que je reste persuadé que ce détail m’a plusieurs fois permis de gagner !


Une musique qui paraît irréelle

7 décembre 2007

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Il y a 10 ans, mon frère m’accueillait dans son appartement pour un soir. Il partageait cet appartement avec un ami, et à cet époque-là, tous deux s’étaient épris d’un nouveau morceau d’IAM. IAM ? Je ne savais pas qui c’était – je vivais à l’étranger au moment de la déferlante « Je danse le mia ».

Sans perdre une seconde, mon frère et son colocataire décident de me faire découvrir ce morceau. A cet instant précis, je ne sais pas que les prochaines minutes vont considérablement influencer mes dix prochaines années. Le morceau commence par une voix étrange. Une musique entraînante commence en fond, puis des bruits étranges viennent se superposer à une autre voix qui semble tourner en rond – comme un disque rayé – tandis que je vois mon frère, le sourire aux lèvres, gesticuler dans l’appartement.

La suite serait trop longue à raconter. Passion dévorante pour le rap, argent de poche exclusivement fléché là-dessus, collection de disques envahissante, écriture d’articles, rencontres d’artistes, volonté de s’impliquer dans des projets…

(…)

Hier soir, 22h30.

La musique s’est tue, les lumières sont éteintes, la foule crie, chante, siffle, hurle. Et IAM revient sur la scène de l’Olympia, pour le rappel. Ce concert, c’est un cadeau d’anniversaire surprise de mon frère. Mon frère me regarde, me demande quels titres ils n’ont pas encore joué. Avant que j’aie le temps de répondre, une voix démarre. Une voix ? La voix. Je n’ai plus de jambes, plus de cou, plus de gorge, mais rien n’y fait, me voilà à sauter sur place, à hocher la tête et à scander le texte.

Il y a dix ans, juste avant d’écouter ce morceau pour la première fois, je ne savais pas ce qu’il allait engendrer. Je savais encore moins que tant d’années après, je repenserais à ce moment avec tendresse. Peut-être que si je n’avais pas découvert le rap ce jour-là, il me serait tombé dessus par la suite. Probablement même. Mais il se trouve que ça s’est fait ce jour-là. Et que ce détail – cette voix – a été le déclencheur.